Ce fut une journée chargée dans la capitale saoudienne, Ryad, qui a accueilli plus d’une trentaine de chefs d’État, de gouvernement et d’organisations internationales, à l’occasion des deux sommets, l’un sino-arabe et l’autre Pays de Golfe-Chine, en présence du président chinois Xi Jinping.L’attention arabe envers la Chine, la deuxième plus grande économie du monde après les États-Unis, s’est accompagnée d’un grand élan médiatique, à un moment où des centaines de journalistes ont afflué pour couvrir les détails d’un sommet arabo-chinois sans précédent, dont certains l’ont qualifié de « surprenant », tandis que d’autres l’ont décrit comme un « message politique » adressé à l’Occident. À la lumière de la divergence des analyses et des opinions, l’attention s’est portée sur les discours des dirigeants participant au sommet. C’est le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, le Premier ministre, qui a ouvert le sommet par un discours dans lequel il a déclaré que la relation qui lie les pays arabes à la Chine est « historique et basée sur le respect mutuel, l’amitié et la coopération ». Il a ajouté que les pays arabes portent un grand intérêt à « la croissance soutenue et à l’essor accéléré » de la Chine, en se concentrant sur la thématique du Sommet qu’est la dualité « coopération et développement ». Cependant, le prince héritier saoudien a déclaré que le sommet augure d’une « nouvelle étape » pour faire avancer les relations entre les pays arabes et la Chine, exprimant son intérêt à « poursuivre la coopération arabo-chinoise, d’une manière qui serve nos objectifs communs et les aspirations de nos pays et peuples ». Confiance et partenariat Quant au président chinois Xi Jinping, qui est à Riyad depuis mercredi dernier, il a décrit le sommet comme « un événement charnière dans l’histoire des relations sino-arabes, ce qui augure d’un avenir meilleur dans les relations entre les deux parties ». Le président chinois, qui a signé jeudi un accord de partenariat stratégique global avec le roi saoudien Salman bin Abdelaziz, a rappelé dans son discours aux dirigeants la route des caravanes et la route de la soie, ajoutant que « l’esprit de l’amitié sino-arabe est concrétisé dans la solidarité, la synergie, l’égalité, le bénéfice mutuel, l’inclusivité et bénéfice mutuel ». Le Chef de l’Etat chinois a souligné que son pays et les pays arabes « se font confiance et sont liés par des relations de fraternité », qualifiant ce sommet de « partenariat stratégique basé sur une coopération globale et un développement commun pour un avenir meilleur ». L’arme nucléaire Pour sa part, le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré lors de la conférence de presse tenue à l’issue de la cérémonie de clôture du Sommet, que cette rencontre n’est pas fortuite, mais son organisation a été planifiée en 2001. Il avait affirmé dans son discours lors du sommet que « les pays arabes jouissent individuellement des meilleures relations avec la Chine, mais l’effort déployé pour développer les relations collectivement, comme nous le faisons aujourd’hui à travers ce sommet, amène les relations entre les deux parties à un niveau supérieur », notant que « aujourd’hui, la Chine est le plus grand partenaire commercial du monde arabe ».  Il a cité deux dossiers importants. Le premier est le soutien de la Chine aux droits inaliénables du peuple palestinien, notamment son droit légitime à établir son État indépendant sur les lignes du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, appelant la Chine à soutenir les efforts palestiniens pour devenir membre à part entière de l’Organisation des Nations Unies.  Il a également évoqué la question du changement climatique et de la non-prolifération nucléaire, une question « d’une grande importance pour notre région arabe, à la lumière de la recherche incessante par l’Iran de la technologie pour l’armement nucléaire, avec son insistance à ne pas soumettre ses installations nucléaires à l’inspection, ainsi qu’à la lumière du refus d’Israël d’adhérer au Traité de non-prolifération des armes nucléaires ». De son côté, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, dont le pays a établi des relations diplomatiques avec la Chine depuis 1965 et est considéré comme son premier partenaire commercial, a estimé que ce sommet « est une consécration de la volonté politique commune d’établir un modèle coopératif qui soutient un partenariat stratégique ». Il a expliqué que le contexte régional et international actuel et les crises sécuritaires, économiques et environnementales, plaident pour l’importance de ce sommet, qui est de nature à contribuer, avec les autres mécanismes de coopération, à « approfondir le dialogue sino-arabe pour relever les défis auxquels nous sommes tous confrontés ».  Il a souligné que « l’un des plus importants de ces défis est la nécessité de consolider la sécurité et la paix dans notre région arabe », notant que « cela ne sera atteint qu’avec l’établissement d’un État palestinien indépendant avec Al-Qods-Est comme capitale, conformément aux résolutions internationales et à l’Initiative de paix arabe ». De même, il est nécessaire d’accélérer les voies de règlement pacifique des crises existantes en Libye, en Syrie et au Yémen.  Le président mauritanien a déclaré que le Forum de coopération sino-arabe « peut y contribuer de manière significative », ajoutant que « les espoirs que nous portons sur ce Sommet sont larges ».  Respect de la souveraineté des Etats Le Roi Mohammed VI a affirmé que le Maroc est disposé pleinement à concourir efficacement à rehausser le niveau du partenariat stratégique sino-arabe, dans tous les domaines, en « faisant preuve d’un engagement immuable en faveur des Causes arabes justes et légitimes, et pour qu’émerge un ordre politique et économique mondial plus équitable et équilibré, dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États et conformément au principe de non-ingérence dans leurs affaires intérieures ». Dans un discours adressé à ce Sommet, et dont lecture a été donné par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, le Souverain salue « les initiatives sino-arabes qui seront adoptées lors de ce sommet, et affirme qu’il est disposé à prendre une part active à la mise en application des recommandations qui seront formulées dans la « Déclaration de Riyad ». Selon lui, le but ultime est de faire avancer le partenariat stratégique sino-arabe, de jeter des bases solides pour construire un avenir commun qui garantisse les moyens de coopération entre les parties, d’encourager l’investissement, de mettre à niveau l’économie et d’améliorer ses performances, de promouvoir les conditions qui permettent au citoyen arabe d’accéder à la société du savoir et de la communication. Le Roi a fait observer que les relations sino-arabes se diversifient et évoluent sur les plans politique, économique, commercial, culturel et humain, relevant que ces relations « recèlent un potentiel important qu’il convient de mettre à profit de manière optimale afin qu’elles contribuent à concrétiser les aspirations du monde arabe à un essor économique effectif et à davantage de progrès scientifiques et technologiques, grâce notamment à la réalisation de projets de développement, au renforcement des infrastructures et des équipements logistiques, au développement humain et au transfert de technologie ». « La Chine est le premier partenaire économique des pays arabes. Néanmoins, les échanges commerciaux entre les deux parties demeurent en deçà des potentialités existantes, même s’ils ont enregistré des niveaux satisfaisants en termes de volume, de diversité et d’intensité, atteignant environ 240 milliards de dollars en 2020 », a souligné le Souverain marocain. Et de faire remarquer que la balance commerciale accuse également un déficit considérable en ce qui concerne les exportations arabes vers la Chine (hormis les exportations de pétrole et de gaz). Le Roi du Maroc a appelé à une action conjointe pour encourager et diversifier les exportations arabes vers la Chine et pour que « ces exportations agissent comme un levier essentiel de promotion de l’économie arabe dans les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et des services ». Par ailleurs, les touristes chinois dans les pays arabes sont encore moins nombreux que leurs homologues arabes qui choisissent comme destination la République de Chine, a-t-il relevé, préconisant une « action accrue pour une augmentation, de part et d’autre, de leur nombre ». « Ainsi, nous serons plus aptes à concrétiser ce à quoi nous aspirons tous : davantage de rapprochement et d’interaction entre les peuples arabes et le peuple chinois ami », a insisté le Souverain.

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