De notre envoyé spécial.
-L’Afrique a perdu, chaque année, quelque 5 à 15 % de la croissance de son PIB par habitant, entre 1986 et 2015, en raison des risques liés au changement climatique.
Entre 1 300 et 1 600 milliards d’USD sont nécessaires, sur la période 2020-2030, pour mettre en œuvre l’action climatique de l’Afrique.
L’édition 2023 des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement démarre ses travaux aujourd’hui à Charm el Cheikh, en Egypte. Cette rencontre au sommet de la Banque Africaine de Développement, prévue du 22 au 26 mai dans la cité balnéaire égyptienne, située entre le désert de la péninsule du Sinaï et la mer Rouge, verra la présence du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et de son homologue malgache, Andry Rajoelina, lauréat du trophée Babacar Ndiaye.
L’événement comprend la 58e Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs du Groupe de la Banque africaine de développement et la 49e Assemblée annuelle du Fonds africain de développement.
Le thème cette année est « Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique ». Un dialogue présidentiel sur l’évolution de l’architecture financière mondiale en relation avec le climat est prévu. Les assemblées verront aussi le lancement des Perspectives économiques en Afrique 2023 sur le thème de la «Mobilisation des financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique ».
Les experts débattront des moyens de tirer parti d’instruments de financement innovants pour attirer les investissements climatiques privés en Afrique.
Bien que très peu industrialisé, le continent africain subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. Au total, 1311 catastrophes liées à des conditions météorologiques extrêmes et au changement climatique ont été enregistrées sur le continent en 2020 et 2021, dont 99 inondations, 16 tempêtes, 14 sécheresses et 2 incendies de forêt.
En particulier, le nombre d’inondations en Afrique a été multiplié par cinq depuis les années 90, et les inondations sont devenues plus graves qu’auparavant. Aussi, indique la BAD, l’Afrique a perdu, chaque année, quelque 5 à 15 % de la croissance de son PIB par habitant, entre 1986 et 2015, en raison des risques liés au changement climatique.
Les projections montrent que l’Afrique pourrait perdre entre 2 % et 12 % de son PIB à l’horizon 2100, selon les scénarios de réchauffement climatique, contre moins de 1 % pour les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni, ou entre 1 % et 5 % pour la Chine.
Combler le gap
La lutte contre le changement climatique et la promotion d’une transition verte sont donc fondamentales pour le développement durable de l’Afrique. Mais cela nécessitera la mobilisation de ressources importantes. Selon les PEA 2022, entre 1 300 et 1 600 milliards d’USD sont nécessaires, sur la période 2020-2030, pour mettre en œuvre l’action climatique de l’Afrique telle qu’exprimée dans les contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays.
Par rapport aux flux de financement climatique reçus chaque année par l’Afrique, un déficit de financement climatique pouvant atteindre 127,2 milliards d’USD par an subsistera jusqu’en 2030, si ces tendances se maintiennent.
Avec la promesse non matérialisée de mobiliser et de fournir 100 milliards d’USD de financement climatique par les pays développés, et les contraintes budgétaires lourdes dans la plupart des pays africains davantage exacerbées par la pandémie de COVID-19 et l’invasion en cours de l’Ukraine par la Russie, d’autres sources de financement sont nécessaires pour le changement climatique et la croissance verte.
Le besoin urgent de mobiliser d’autres sources de financement pour le changement climatique et la croissance verte en Afrique – en particulier en tirant parti du secteur privé national et international et en exploitant l’énorme capital naturel du continent, a motivé le choix du thème approuvé pour les Assemblées annuelles de 2023 et les événements liés au savoir prévus. Ce thème permettra à la Banque de jouer un rôle mobilisateur et de leader d’opinion sur les deux questions que sont le changement climatique et la transition vers une croissance verte.