Des soldats de la paix tanzaniens servant dans le cadre de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) rencontrent des femmes de la communauté locale. Photo MONUSCO

KINSHASA, RDC, le 13 Juillet 2022 -/African Media Agency(AMA)/- La désinformation prolifère dans les zones de conflits et se retourne parfois contre les missions de maintien de la paix de l’ONU, a expliqué  António Guterres au Conseil de sécurité, lors du premier débat consacré à la communication stratégique des missions de maintien de la paix.  

Beaucoup de Casques bleus considèrent que les fausses informations menacent leur sécurité.

La communication stratégique concernant les opérations de maintien de la paix est un point fondamental, selon le Secrétaire général de l’ONU, pour qui le paysage dans lequel opèrent les soldats de la paix est devenu plus dangereux, les tensions géopolitiques mondiales se répercutant à l’échelon local.

Les soldats de la paix sont confrontés à des terroristes, des criminels, des groupes armés et leurs alliés, dont beaucoup ont accès à de puissantes armes modernes et ont tout intérêt à perpétuer le chaos dans lequel ils prospèrent, a prévenu le chef de l’ONU.

Et « les armes brandies ne sont pas seulement des fusils et des explosifs : la désinformation et les discours de haine sont de plus en plus utilisés comme armes de guerre », a-t-il souligné.

L’objectif est clair : déshumaniser un soi-disant « autre », menacer les communautés vulnérables – ainsi que les Casques bleus eux-mêmes – et donner ouvertement le feu vert pour commettre des atrocités.

La MONUSCO cible de discours de haine

Le général Marcos De Sá Affonso Da Costa, Commandant de la Force de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a concédé que la Force n’était pas forcément bien perçue par une partie de la population et qu’elle était parfois prise pour cible par des discours de haine compromettant sa sécurité, y compris par des groupes armés.  

« Les fausses informations sur les réseaux sociaux sont difficiles à détecter », a-t-il ajouté devant le Conseil de sécurité.  Une enquête récente a révélé que près de la moitié des Casques bleus considèraient que les fausses informations et la désinformation affectaient gravement l’exécution de leur mandat et menaçaient leur sécurité.  
Les Casques bleus au Mali victimes de désinformation sur WhatsApp

Le Secrétaire général a cité, à titre d’exemple, le Mali, où une fausse lettre alléguant que les Casques bleus collaboraient avec des groupes armés a été publiée sur Facebook. Elle est devenue virale sur WhatsApp et a été reprise par les médias nationaux. Cette fausse lettre a attisé l’hostilité et le ressentiment à l’égard des soldats de la paix, rendant leur tâche vitale de protection des civils encore plus difficile.

Lorsqu’il avait prêté serment en 2016, António Guterres avait souligné la nécessité d’une réforme substantielle de « la stratégie de communication » de l’ONU, à travers la modernisation des outils et plates-formes pour atteindre les gens dans le monde entier.   

« La communication stratégique – crédible, précise et centrée sur l’humain – est l’un de nos meilleurs instruments, et le plus rentable, pour contrer la menace », a plaidé le Secrétaire général.  

Au-delà de la simple défense contre les mensonges nuisibles, une communication adaptée permet de renforcer la confiance et d’obtenir un soutien politique et public.  

« Elle permet à la population locale de mieux comprendre nos missions et nos mandats et, en retour, elle permet à nos soldats de la paix de mieux comprendre les préoccupations, les griefs, les attentes et les espoirs de la population locale. Elle peut créer un espace sûr pour que la réconciliation et la consolidation de la paix puissent fonctionner et offrir aux femmes, aux jeunes et à la société civile un meilleur accès aux processus de paix », a analysé le chef de l’ONU.

Beaucoup d’opérations de paix touchées

Nombre d’opérations de maintien de la paix sont touchées par ces problèmes, a estimé pour sa part le général da Costa. Il a appelé à s’adapter en « communiquant directement avec les parties prenantes », en étant à l’écoute et en expliquant bien les les contours d’un mandat.

« Au sein de la MONUSCO, nous avons appris à mieux communiquer sur notre mandat. Toutefois, il reste beaucoup à faire : améliorer la formation de pré déploiement, contrecarrer la désinformation, avoir une longueur d’avance sur les détracteurs », a-t-il énuméré.  

M. Guterres a présenté des actions concrètes prises pour améliorer la communication stratégique dans le maintien de la paix, dont le conseil et la formation aux missions, et la collaboration avec différents partenaires, « notamment les entreprises des technologies et des médias », ainsi que les États membres, afin d’identifier et de mieux contrer la désinformation et les discours haineux.

« L’accès à l’information est un droit de l’homme », a rappelé le Secrétaire général. Dans les endroits où nos soldats de la paix opèrent, ce droit peut être une question de vie ou de mort, la différence entre la paix et la guerre, a-t-il prévenu.

Distribué par  African Media Agency (AMA) pour Monusco.

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