La Banque agricole ne sera pas la 20è banque en activité au Cameroun. Le projet pourtant dans le pipe depuis une douzaine d’années suite à l’annonce du chef de l’Etat Paul Biya lors du comice agro-pastoral en 2011 ne verra plus finalement le jour. En lieu et place le gouvernement a plutôt choisi de créer un « Fonds de facilitation de l’offre de crédit pour le développement des chaînes de valeurs agricoles, de l’élevage et de la pisciculture ».
Cette dénomination détermine également le périmètre opérationnel car contrairement à la Banque agricole (BA) dédiée au financement de l’agriculture et des activités connexes, le Fonds est « chargé d’accompagner les établissements de crédits dans le développement des produits financiers innovants et inclusifs, adaptés aux spécificités et contraintes du développement des chaînes de valeurs ».
Autrement dit, il est question à travers ledit Fonds, d’impliquer les établissements de crédit dans le partage des risques de financement de ces chaînes de valeur, de servir d’interface entre les établissements de crédits et les acteurs ou promoteurs des chaînes de valeur, de veiller à la bonne gestion des placements et recouvrements des prêts effectués par les établissements de crédits et les acteurs/promoteurs des chaînes de valeur.
Pour le moment, le gouvernement n’a pas indiqué le montant de l’enveloppe devant permettre le fonctionnement dudit Fonds. Tout au plus, l’acte de création renseigne sur le mécanisme de financement qui repose notamment sur deux compartiments. Le premier dédié au financement des chaînes de valeurs agricoles (C-CVA) tandis que le second concerne les chaînes de valeurs élevage et pisciculture (C-CVEP). Doté chacun de deux guichets, le premier est un Fonds de garantie partielle de 50% adossé sur une banque commerciale tandis que le deuxième guichet repose sur la facilité de refinancement des Etablissements de microfinance (EMF).
C’est en mars 2018 que le gouvernement camerounais par l’entremise du ministère des Finances a officiellement annoncé « la suspension » de la création d’une Banque agricole (BA) en raison de la conjoncture difficile. D’après des sources, des démarches avaient pourtant été entreprises auprès de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC) avant que la machine se grippe lorsque le Cameroun n’a pas pu débloquer un capital de 10 milliards de FCFA (17 millions de dollars) pour son lancement conformément aux dispositions communautaires en vigueur.
Par la suite, les pouvoirs publics ont cru trouver une passerelle en ouvrant en ouvrant en 2000, un guichet dédié au financement des activités agricoles logé auprès de la Banque camerounaise des Petites et moyennes entreprises (BC-PME) ; un guichet spécifique de 200 millions de FCFA (332 mille dollars) pour l’encadrement et l’accompagnement des activités du secteur agricole dans le cadre de l’implémentation du projet de Transformation et de valorisation des produits agricoles et agroalimentaire (TRANSFAGRI).
Tout compte fait après la liquidation du Fonds national de développement rural (FONADER) et du Crédit agricole du Cameroun (CAC), place maintenant au C-CVA et au C-CVEP. Tenant compte des besoins élevés de financement dans le secteur agro-pastoral et halieutique, l’on a hâte de voir comment le Fonds va se déployer et surtout avec quels moyens.