Les sage-femmes du Centre de santé communautaire de Kati Koko II avec la directrice des opérations de la Banque mondiale au Mali.
Crédit : Edmond Bagde Dingamhoudou / Banque mondiale

BAMAKO, Mali, 11 Juillet 2024 -/African Media Agency(AMA)/-Ce n’est que lors de sa septième grossesse que Mme Salama Traoré a pu bénéficier de soins de santé adéquats : prise en charge dans un centre de santé communautaire de Bamako, elle exprime un soulagement teinté de lourds souvenirs. Les épreuves endurées par son couple, parfois tragiques, ne sont pas oubliées. « Mes six premiers enfants sont nés à domicile, parce que mon marie et moi n’avions pas les moyens pour payer les soins prénatals et postnatals », confie-t-elle, évoquant la perte de deux de ses enfants, faute de soins appropriés. Mme Traoré fait désormais partie des bénéficiaires du projet Accélérer les progrès vers la couverture sanitaire (PACSU), qui offre un accès à des soins de qualité aux plus démunis au Mali.

Jusqu’à récemment, obtenir des soins de santé relevait d’un parcours du combattant pour les populations vulnérables, limitées par leur pouvoir d’achat et la disponibilité des soins. « Auparavant, il n’était pas rare que les patients parcourent entre 3 et 5 km pour rejoindre un centre de santé communautaire, souvent sans être sûrs d’être pris en charge en raison des frais élevés », se remémore M. Zanga Dao, secrétaire général de la Mairie de Kati.

En effet, les chiffres de l’enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages (EICVM 2018 – 2019) révèlent que 51 % des Maliens renoncent aux soins de santé pour des raisons financières. Ce taux de renoncement est encore plus élevé pour le quintile le plus pauvre (60 %) classé selon le revenu des niveaux de consommation et dans certaines régions comme Kayes, Koulikoro et Taoudenit. Même à Bamako, la capitale, l’obstacle financier demeure conséquent (40 %). Le faible niveau d’utilisation des services de santé, même là où l’accessibilité géographique est meilleure que la moyenne, suggère que les barrières financières et la qualité des services sont des facteurs clés.

Des soins plus abordables et disponibles pour les couches vulnérables

Le PACSU, financé par la Banque mondiale, le Mécanisme de financement mondial (GFF) et les Pays-Bas, vise à améliorer l’accès et la qualité des services de santé. Le projet a contribué à augmenter l’utilisation des services, la qualité des soins, la satisfaction des patients, le recrutement de personnel, ainsi que l’équipement et le développement des infrastructures.

L’approche du Financement basé sur les résultats (FBR) accorde aux établissements de santé une gestion autonome des ressources allouées en fonction de leur performance et permet de répondre à des besoins spécifiques tels que l’équipement, les ressources humaines et les médicaments. Cette méthode s’est avérée efficace, même dans les zones d’insécurité, garantissant la continuité des services avec du personnel qualifié.

M. Zanga Dao témoigne de la satisfaction des bénéficiaires : « Le soulagement est total car dans le centre, la qualité et l’accessibilité financière des soins sont désormais une réalité ». Le panel de soins offerts répond en effet aux besoins essentiels des communautés, incluant les consultations prénatales, les accouchements, la prise en charge de la malnutrition et du paludisme, entre autres.

« Une consultation coûte 1 000 Fcfa et le ticket est valable une semaine ; le suivi des consultations prénatales pendant la grossesse est à 2 500 Fcfa », précise Mme Achta Dembele, sage-femme. Le secteur médical malien reconnaît l’impact significatif du projet. « Jamais auparavant notre système de santé n’avait connu un tel renforcement », se réjouit médecin-chef du district sanitaire de Kati, Dr.  Ismael Simaga soulignant que le projet encourage la qualité, avec une disponibilité constante de médicaments dans 90 % des structures de Kati.

Hausse des taux de fréquentation des services de santé désormais plus performants

Les statistiques témoignent de l’efficacité du PACSU : la qualité des services a grimpé de 37 % à 81 %, et la disponibilité des médicaments essentiels atteint 87 %. Ces avancées ont été rendues possibles grâce au recrutement de 337 professionnels de santé locaux et à la formation de 80 hauts fonctionnaires des ministères en charge de la santé et des finances aux normes internationales du FBR. Sur le plan des infrastructures, 697 nouveaux bâtiments ont été construits et 265 rénovés ou réhabilités. En matière d’équipement, 104 centres ont été dotés de laboratoires. Au total, 2 251 établissements de santé sur 2 310, publics et privés, ont intégré le FBR.

Le taux de satisfaction des patients, atteignant 88 %, illustre le succès du projet. Sidi Modibo Thera, vérificateur communautaire, estime que le PACSU relève un défi majeur dans les pratiques médicales au Mali : « Celui de transformer la relation soignant-patient en une dynamique prestataire-client. » La culture de la performance et des résultats se reflète de plus en plus dans l’attitude des usagers et du personnel de santé des centres concernés par le projet.

Distribué par  African Media Agency (AMA) pour la Banque Mondiale.

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