Dans son deuxième livre qui n’a rien à envier à un thriller, l’auteur puise dans le quotidien des habitants de sa société pour raconter des histoires sur des sujets préoccupants.

  L’image mise en avant à la première de couverture, aiguise tout de suite l’appétit du lecteur et l’amène sans hésiter à feuilleter le livre. Dans ce roman empreint d’histoires vraies, Dino Mikozil s’empare du quotidien difficile d’une certaine classe sociale et met en scène la jeune Paule Marlène Zoe Onguene qui, employée dans une organisation humanitaire, se frotte aux victimes des crises sociales et plus encore à celles des violences liées au sexe. Cette envie de lutter pour la cause humaine lui vient de ses cours de sociologie des conflits armés reçus à l’Université. Son professeur leur racontait avec images à l’appui des atrocités perpétrées sur les couches vulnérables lors de la guerre du Vietnam notamment des violences et viols sur les femmes, les enfants, les handicapés… Des barbaries qui ont laissé dans son esprit une « tache indélébile ». La jeune humanitaire qui cohabite avec sa collègue et amie Nicole a dû faire face à la disparition de leur ménagère Delphine, victime des coupeurs de routes alors que celle-ci allait rendre visite à sa grand-mère. La jeune fille a été kidnappée puis violée par des hommes sans foi ni loi.  Delphine n’était pas à son premier viol, elle avait déjà été la victime du mari de sa mère. Cet homme « pervers et violent » qui faisait vivre à sa génitrice toutes sortes de violences physiques et morales. Face à cette situation, la jeune Delphine a été envoyée chez sa grand-mère pour y vivre, une décision prise en réunion familiale pour sauver le foyer de sa maman. Dans ce roman, l’auteur peint une société où les violences liées au sexe persistent et continuent de faire de nombreuses victimes malgré les efforts « insuffisants » des organisations de lutte basée sur le genre. Les victimes sont souvent « stigmatisées, muselées, abandonnées à l’indifférence » de la communauté. L’auteur soulève aussi dans cet ouvrage, le désespoir des jeunes souvent obligés d’abandonner leurs rêves pour embrasser le premier travail qui leur sourit. C’est le cas avec le personnage Le Premier, brillant élève à l’école, celui pour qui tous les camarades espéraient une carrière professionnelle réussie. C’est finalement l’armée qui l’accueillera dans ses rangs. Même si ce corps de métier n’était pas son premier choix, Le Premier remplissait avec bravoure ses missions. L’auteur clame « le patriotisme et la bonne foi d’une armée camerounaise souvent au cœur de quelques suspicions », ce corps de métier auquel il appartient et pour lequel il a beaucoup de respect. C’est aussi un hommage rendu aux soldats du monde entier pour leur dévouement et leur engagement à servir leur nation. Le sentier des affligés affranchis préfacé par le chef de la division de la sécurité militaire au ministère de la Défense, Emile Joël Mbamkoui, décrit minutieusement de nombreux moments d’émotion. Ce chef d’œuvre parue aux Editions Proximité en février 2024, comporte 189 pages reparties en 12 chapitres. Elle est écrite dans un style simple et digeste. A travers ses personnages aux vies ordinaires chamboulées par les crises sociales, l’auteur entend changer les mentalités et impacter son époque. Il le fait d’ailleurs avec beaucoup de talent et avec pas mal de références à l’instar de Daniel Etounga Manguele, écrivain camerounais, pour faire bon poids. Dino Mikozil de son vrai nom Romaric Madom Miankoh, intègre la Gendarmerie camerounaise alors qu’il termine ses études de droit privé à l’université de Yaoundé II Soa. Ces expériences sur le terrain lui ont permis de toucher du doigt le quotidien des couches vulnérables. C’est d’ailleurs ce qui lui inspirera ce deuxième ouvrage après un premier intitulé « Une famille sourde-muette ».

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