Le capitaine Ibrahim Traoré a destitué le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, après huit mois de transition.Vendredi 30 septembre, les Ouagalais sont réveillés par des échanges de tirs. Le temps de comprendre ce qui se passe, des soldats se déploient dans des axes stratégiques de la capitale du Burkina Faso. Ils ne le savent, peut-être, pas encore, mais un nouveau coup d’Etat est en train de prendre forme sous leurs yeux. De jeunes officiers ont décidé de « déchoir » le président de la transition, le lieutenant-Colonel Paul Henri Damiba, arrivé lui-même au pouvoir le 24 janvier par les armes. Les supputations sont allées bon train sur l’identité du meneur des hommes qui veulent la tête du tombeur de Roch Marc Christian Kaboré. Pour les uns, c’est le lieutenant-Colonel Emmanuel Zoungrana, chef de l’unité des « Cobras » constituée en 2019 pour faire face aux jihadistes et arrêté en janvier dernier pour tentative de coup d’Etat contre Roch Marc Christian Kaboré, qui serait derrière ces têtes brulées qui en veulent à Damiba. Pour les autres, c’est le lieutenant-Colonel Yves Didier Bamouni, qui a orchestré la fronde contre celui qui a fait de lui le Commandant des opérations du théâtre national (COTN). Ce n’est qu’en début de soirée que les burkinabé et le monde ont mis un nom sur le visage du nouvel homme fort de Ouagadougou. Il s’agit du Capitaine Ibrahim Traoré. Le visage ferme, le jeune officier, à la droite du capitaine Kiswendsida Farouk Azaria Sorgho, lecteur à la télévision nationale du communiqué mettant fin aux fonctions du lieutenant-Colonel Paul Henri Damiba. Porté au sommet du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), le capitaine Traoré est réputé « proche de ses hommes ». Originaire du nord, il a obtenu son Baccalauréat au lycée mixte d’Accart-ville de Bobodioulasso, selon le média burkinabé, Omega. Il rejoint la capitale en 2006 pour poursuivre ses études à l’Université Joseph Ki Zerbo. Quatre années plus tard, il intègre l’armée et devient capitaine en 2020. Selon des informations obtenues par Apa, il a, entretemps, été envoyé au Mali dans le cadre de la Minusma où il aurait fait preuve de bravoure lors de l’attaque du Super Camp de Tombouctou en 2018 par des groupes jihadistes. A l’époque, trois compagnie d’infanterie du Burkina Faso étaient présent dans ce quartier général de la mission onusienne. Nommé chef du régiment d’artillerie de Kaya, dans la province de Sanmatanga depuis mars dernier par le Lieutenant-Colonel Paul Henri, les frustrations accumulées par les cobras sous la transition ne le laissent pas indiffèrent. « Le capitaine est le grade d’officier subalterne qui est au contact direct avec celui qui combat. Il vit avec les sous-officiers et militaires du rang. C’est le seul officier qui peut mourir au front avec ses hommes. C’est le commandant des actions sur le terrain », explique à Apa un ancien officier ouest-africain. En plus de payer un lourd tribut dans la guerre contre les groupes jihadistes dans le nord du pays, ces soldats reprochent à l’ancienne équipe l’aggravation des « lourdeurs administratives qui caractérisaient le régime déchu, compromettant ainsi les opérations à caractère stratégique ». Ils en veulent au lieutenant-colonel Damiba pour avoir « trahi » leur « idéal commun de départ » consistant à reconquérir les territoires tenus par les groupes jihadistes. « La quasi-totalité de ses 13 régions continue de subir l’insécurité et près de 02 burkinabè sur 10 ont fui leur lieu de résidence du fait de cette insécurité. Les compagnons de Damiba au MPSR le tiennent visiblement pour responsable », indique l’Ivoirien Fahiraman Rodrigue Koné, chercheur sénior à l’Institut d’Etudes en Sécurité (ISS) basé à Dakar, au Sénégal. Le capitaine Ibrahim Traoré et ses hommes engagent les « forces combattantes à se recentrer sur la question sécuritaire et au rétablissement de l’intégrité de notre territoire ». Le temps pour la nouvelle équipe dirigeante du pays de désigner un « président civil ou militaire » au terme de concertations nationales qui se tiendront dans les prochains jours, la Constitution est suspendue, le gouvernement, l’Assemblée législative de transition (ALT) dissouts alors que les partis politiques et les organisations de la société civile ont été sommés de renoncer à toute activité jusqu’à nouvel ordre.
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