La tentative du lieutenant-colonel de Paul Henri Damiba de revenir au pouvoir après avoir été déposé vendredi 30 septembre par le capitaine Ibrahim Traoré n’a pas prospéré.Finalement, Damiba n’a pas pu renverser la situation en sa faveur. L’ancien président du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), appareil dont il est servi pour chasser Roch Marc Christian Kaboré du pouvoir le 24 janvier dernier, a fini par capituler au terme de longues heures de négociations pilotées les faitières des communautés religieuses et coutumières. Suite à leur médiation, le lieutenant-colonel Damiba a accepté de se retirer du pouvoir sous certaines conditions tournent pour les plus importantes autour de garantie de sa sécurité et celle de ses proches ainsi que la poursuite des activités opérationnelles. Des conditions acceptées dans leur intégralité par le capitaine Ibrahim Traoré désigné chef de l’Etat du Burkina Faso. A 34 ans, l’officier subalterne parvient ainsi à se maintenir à la tête du « Pays des Hommes intègres » alors qu’il y a 24 heures, son coup d’Etat du vendredi 30 septembre était sur le point de se solder par un échec. Le rapport de force semblait lui être défavorable après qu’une partie de l’armée a décidé de se ranger du côté de son ancien camarade du MPSR. Mais le capitaine Traoré a su faire une lecture lucide de la situation et a mis au point une stratégie qui a été payante. Pour lui, il était presque vital de gagner la bataille de l’opinion. En une journée, le jeune officier a donné trois interviews aux médias nationaux et internationaux. À la révision nationale, la France est accusée de parrainer « une contre-offensive » du lieutenant-colonel Damiba. A coups de communiqués, Paris a démenti toute implication dans les évènements en cours au Burkina depuis vendredi. Mais c’était peine perdue. Des intérêts français sont attaqués à Bobodioulasso, deuxième ville du pays et dans la capitale. « Le tort de Damiba, c’est qu’il est soupçonné de marcher pour les français », analyse un ancien correspondant d’un média occidental à Ouagadougou. De son coté, Hassane Koné, chercheur Sénior à l’Institut d’Études de sécurité (ISS) trouve que « La mobilisation de la population à Ouagadougou et dans plusieurs villes où les citoyens sont sortis pour acclamer le coup d’Etat et demander la démission de Damiba a été déterminante » dans la suite des évènements ». Selon lui, « cette pression de la rue ajoutée à la détermination des putschistes a poussé les leaders des communautés religieuses et coutumières à peser de tout leur poids pour convaincre Damiba ». Après avoir écarté le lieutenant-colonel Damiba, le capitaine Ibrahim Traoré doit désormais s’employer à faire l’unanimité au sein de l’armée au sein de laquelle son rang et son âge sont un réel problème pour certains cadres. Des manœuvres seraient en cours pour le contraindre à se retirer pour laisser son fauteuil à plus gradé que lui. Le nom du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, chef des Cobras arrêté en janvier, à deux semaines du putsch contre Roch Marc Christian Kaboré est avancé par certaines sources proches de ces tractations. A ce défi, il doit ajouter l’impératif de résultats probants dans la guerre contre les groupes jihadistes. Il donne l’air d’en être conscient et s’est fixé un délai de trois mois pour inverser la tendance. Le nouvel homme fort de Ouagadougou a instruit les secrétaires généraux des ministères, chargés d’expédier les affaires courantes en attendant la formation d’un nouveau gouvernement, d’aller très vite. Car pour ce jeune capitaine, « tout est urgent ».
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