La vie du président élu du Kenya, William Ruto, était dans un passé récent aussi ordinaire que celle de millions de ses compatriotes des zones rurales du pays.La Cour suprême du Kenya a confirmé le 5 septembre 2022, la victoire à l’élection présidentielle du 9 août de William Ruto devant Raila Odinga. Originaire de la vallée du Rift, Ruto a connu la misère en grandissant dans son village de Sambut, se rendant à l’école sans chaussures et souffrant de la faim le soir, comme c’était la norme pour de nombreux ménages pauvres au début des années 1970. Tout au long de sa campagne pour devenir le cinquième président du Kenya, l’homme, maintenant âgé de 55 ans a fait de cette « expérience de débrouillard » son cheval de bataille, afin de toucher des millions d’électeurs, dont beaucoup partagent cette expérience de vie de citoyens pauvres et défavorisés, loin de l’opulence des riches et des puissants du pays. Odinga et Kenyatta, « politiciens dynastiques » Se présentant comme la quintessence du débrouillard kenyan qui a « tout vu », l’ancien ministre a tenu à creuser un fossé entre lui, d’une part, et son principal adversaire Raila Odinga et son soutien le président sortant Uhuru Kenyatta, d’autre part, en les décrivant comme des politiciens dynastiques fermement attachés au passé de leurs parents en tant que puissants du Kenya. De l’ethnie Kalenjin, Ruto les a décrits comme appartenant à deux des principales dynasties politiques du Kenya des années 1960 et 1970, dirigées par Jomo Kenyatta (premier président du Kenya, père d’Uhuru) et Oginga Odinga (père de Raila), ce qui semble avoir été accepté par de nombreux électeurs kenyans, en particulier dans sa région de la vallée du Rift. En tête des trois autres candidats, Ruto, vice-président sortant, a obtenu 7.176.141 voix, soit 50,49% des suffrages, soit un peu plus de la moitié du nombre total de bulletins de vote, remportant le scrutin au premier tour, selon la Commission électorale et des frontières indépendante (IEBC). Son principal adversaire, Raila, a obtenu 6.942.930 voix, soit 48,85% des suffrages. Lutter contre corruption et développer l’économie Ruto, le « battant », colportait des poulets le long de l’autoroute Nairobi-Eldoret et est finalement devenu éleveur de poulets des années après avoir amassé une fortune commerciale qui lui a permis d’acheter une ferme dans son village natal. Titulaire d’un doctorat et d’une licence en sciences de l’Université de Nairobi, il a été scolarisé à l’école primaire de Kerotet, avant de faire ses études secondaires à l’école secondaire de Wareng, puis à l’école secondaire de garçons de Kapsabet dans le comté de Nandi, d’où il est sorti avec ses certificats de niveau ordinaire et avancé. Il est rapidement devenu un disciple politique du second président Daniel Arap Moi, qui lui a fait découvrir la nature tumultueuse de la politique kényane, en commençant par les campagnes électorales pour les élections générales de 1992. Moi remporte la victoire en tant que candidat sortant et nomme Ruto dans son Cabinet en tant que ministre de l’Intérieur. William Ruto a également occupé des postes ministériels dans le gouvernement du successeur de Moi, Mwai Kibaki, entre 2008 et 2010. Enseignant et fervent chrétien pratiquant, Ruto a été chef de la chorale de l’église de l’université de Nairobi et cette fibre chrétienne l’a accompagné tout au long de sa carrière politique. Au cours de sa campagne, M. Ruto s’est engagé à lutter contre la corruption, à développer l’économie kenyane en difficulté et à réduire le taux de chômage chez les jeunes Kenyans. Les gouvernements kenyans successifs n’ont pas réussi à absorber les centaines de milliers de jeunes qui sortent de l’école et qui peinent à trouver un emploi, mais M. Ruto a promis que son nouveau gouvernement appliquera une approche dite « bottom top » (du bas vers le haut), dans laquelle la priorité serait donnée aux entrepreneurs issus des couches inférieures de la société. Ruto est un habitué de la controverse, étant cité dans une série de scandales de corruption et d’accaparement de terres, qu’il a tous niés. Le plus connu est sans doute la convocation de Ruto par le procureur de la Cour pénale internationale, en décembre 2010, pour son implication présumée dans les violences post-électorales qui ont secoué le Kenya après les élections générales de 2007. La CPI l’avait accusé d’avoir orchestré les violences meurtrières contre les partisans du Parti de l’unité nationale du président Kibaki et l’avait ensuite inculpé de trois chefs d’accusation de crimes contre l’humanité, à savoir meurtre, déplacement forcé de personnes de leurs foyers et persécution. L’affaire, qui concernait également le président Uhuru Kenyatta, a toutefois été abandonnée par la CPI.
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