Au Bénin, plus de six millions d’électeurs sont appelés dimanche 8 janvier aux urnes pour choisir les 109 députés de la neuvième législature après que l’opposition a été « exclue » de la huitième.La campagne législative au Bénin, rythmée pendant deux semaines par les promesses des candidats de l’opposition et du pouvoir, a pris fin vendredi 6 janvier. Contrairement aux élections législatives de 2019, organisées trois ans après l’arrivée de Patrice Talon au pouvoir, l’opposition va y prendre part cette fois, espérant récolter le maximum de sièges à l’Assemblée nationale dimanche soir. Au total, 763 candidats titulaires convoitent les 109 sièges du parlement. Les démocrates (LD) de l’ancien président Boni Yayi, les Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE) et le Mouvement Populaire de Libération (MPL) sont les trois partis d’opposition qui ont rempli les conditions pour participer au scrutin. Ils seront opposés au Bloc Républicain (BR), à l’Union Progressiste le Renouveau (UPR), à l’Union Démocratique pour un Bénin Nouveau (UDBN) et au Mouvement des Élites Engagées pour l’Émancipation du Bénin (MOELE Bénin), quatre formations proches du pouvoir qui veulent donner une majorité parlementaire à Patrice Talon. Pour Marcel Zoumenou, directeur de publication du journal La Nouvelle Tribune, les populations ont repris goût aux campagnes électorales festives pour célébrer la présence de l’opposition. La principale attraction de la campagne est la descente de Boni Yayi sur le terrain. L’ancien dirigeant béninois, président d’honneur du parti Les Démocrates, a battu campagne aux côtés des candidats de sa formation. Ces élections ne sont pas jouées d’avance pour les partis en compétition. Le nouveau code électoral, adopté en 2019, leur impose d’avoir au moins 10% des suffrages exprimés au niveau national pour espérer gagner des sièges de députés. Enseignant-chercheur à l’Ecole Nationale des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ENSTIC) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), le docteur Eugène Alossoukpo affirme que cette condition risque d’éliminer de la course plusieurs listes de l’opposition. « Ce sera très compliqué pour les trois partis d’opposition. Mais j’ose croire que Les Démocrates vont franchir cette barre », note l’analyste politique. L’équation des 10% Marcel Zounmènou estime pour sa part que Les Démocrates et les Forces Cauris pour un Bénin Emergent ont la capacité de résoudre l’équation des 10% pour espérer avoir des représentants à l’Assemblée nationale. « Je fais cette lecture au regard de ce qu’ils ont présenté sur le terrain, comme force de persuasion, comme arguments et comme personnalités qu’on peut mettre dans la campagne pour influencer », explique M. Zounmenou. Il ajoute que, du côté au pouvoir, les partis Union Progressiste le Renouveau et Bloc Républicain sont aussi bien placés pour dépasser la barre des 10%. Dimanche, jour de l’élection, 17.749 bureaux de vote répartis dans 7986 centres de vote seront ouverts sur tout le territoire béninois. Le code électoral adopté en novembre 2019 porte désormais le nombre de députés de 83 à 109. La prochaine législature devra compter au moins 24 députées en vue de donner plus de places aux femmes dans l’Hémicycle béninois. La neuvième législature sera aussi plus courte que toutes les autres. Elle ne va durer que deux ans et neuf mois au lieu de cinq ans. A partir de 2026, le Bénin expérimentera des élections générales, à savoir le couplage de la présidentielle, des législatives et des municipales. C’est pour cette raison que le mandat de la neuvième législature a été réduit même si certains opposants ne sont pas convaincus. En 2019, quatre personnes ont trouvé la mort lors des élections législatives. L’opposition, exclue du scrutin à l’époque pour n’avoir pas rempli les conditions fixées selon les autorités béninoises, avait dénoncé des manœuvres du gouvernement dans le but de l’écarter.
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