Ex-chef rebelle et ancien patron des Renseignements généraux (RG), Mahamat Abdoul Kadré Oumar connu sous le nom Baba Laddé est gardé dans les locaux des RG depuis le 26 décembre 2022.Il est l’un des chefs rebelles tchadiens qui ont le plus eu maille à partir avec la justice. Et visiblement, la prison le réclame encore. Depuis le 26 décembre 2022, l’ex-chef rebelle et ancien Directeur général du Renseignement et de l’Investigations (DGRI), Mahamat Abdoul Kadré Oumar plus connu sous le pseudo Baba Laddé (père de la brousse en langue foulbé, surnom que lui a donné sa grand-mère) est interpellé et gardé dans les locaux des Renseignements généraux du Tchad. Officiellement, aucune raison de son interpellation n’est communiquée. D’ethnie peule, Baba Laddé est né dans les années 1970 à Gounou-Gaya, dans le Mayo-Kebbi Est, province située à 220 Km au Sud de N’Djamena, la capitale tchadienne. Après ses études primaires et du 1er cycle (6e en 3e) effectuées à Gounou-Gaya, Baba Laddé intègre le lycée technique commercial en 1990. Alors qu’il était en classe de Terminale, il passe en 1995 le concours d’entrée à la gendarmerie où il était reçu. Au sein de ce corps, il a exercé comme secrétaire du commandant du centre d’instruction puis archiviste de la gendarmerie. Maréchal des Logis Chef, il devient capitaine en 1998. A la suite d’un conflit dans le Sud et dans le Chari Baguirmi entre éleveurs peuls et autorités locales, Baba Laddé crée, avec un groupe de jeunes peuls, le Front populaire pour le redressement (FPR) inspiré du Le Front patriotique rwandais (FPR). Trahi par un des membres, Baba Laddé est arrêté le 15 octobre 1998 avec trois autres de ses camarades. Libéré en septembre 1999, « le père de la brousse » trouve refuge au Cameroun et entame une carrière de rebelle. Avec sa troupe, il erre entre le Soudan, la République centrafricaine et le Tchad. Plusieurs fois, il a engagé des pourparlers avec les autorités tchadiennes pour déposer les armes. Grâce à un accord de paix, Baba Laddé a été nommé Conseiller chargé de mission à la Primature en 2013 puis Préfet de Maro, une ville frontalière avec la Centrafrique en 2014. Démis de cette dernière fonction, il a manqué de peu d’être arrêté par les forces tchadiennes alors que la population s’opposait à son remplacement à la tête du département. Signalé en Centrafrique, il est arrêté par les forces onusiennes puis extradé au Tchad où il a été condamné à huit ans de prison ferme pour assassinat, association des malfaiteurs, détention illégale d’armes à feu. Il purge sa peine pour être libéré en 2020. En 2021, Baba Laddé dépose sa candidature à la magistrature suprême au nom de son mouvement armé, le FPR. Mais la Cour Suprême le recale pour non reconnaissance de son mouvement comme parti politique. Il entre en clandestinité pour réapparaître publiquement en mars 2021 au côté du défunt président Idriss Déby Itno en campagne présidentielle à Bongor dans le Mayo-Kebbi Est. Signe d’une réconciliation avec celui qui l’a traité longtemps de coupeur de route, de bandit de grand chemin, ne lui reconnaissant pas le statut de rebelle. A la mort du président Idriss Déby Itno en avril 2021, Baba Laddé trouve grâce aux yeux du nouveau maître du Tchad, le général Mahamat Idriss Déby Itno. Il le nomme en octobre 2021 Directeur général du Renseignement et de l’Investigations (DGRI), la toute puissante agence d’espionnage et de contre-espionnage, un poste stratégique. Il est éjecté cinq mois plus tard pour être nommé Secrétaire général du ministère de la Sécurité publique et de l’Immigration. Il occupe ce poste jusqu’à la formation du nouveau gouvernement de transition en octobre 2022. Depuis lors, l’ex-maquisard se fait discret jusqu’à la date du 20 décembre 2022 où il a annoncé sur Facebook qu’il est invité par un pasteur peul pour assister à la célébration de la fête de Noël dans le département de Dourbali dans le Chari-Baguirmi. Et c’est à son retour de cette ville, le 26 décembre, qu’il a été interpellé dans la soirée par les agents de la DGRI. « Baba Laddé, c’est un mystère. Difficile de le cerner. C’est un homme discret. Tu entends parler de lui que quand il a des problèmes ; et il en a toujours », résume Moussa Guedmbaye, un journaliste tchadien.
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