L’auteur de l’album à succès «Débroussailler» est décédé jeudi 15 décembre 2022 de suite d’un malaise, à l’âge de 59 ans. Journal du Cameroun retrace sa trajectoire.
Né à Ngodi à Douala en 1963, Djené Djento, de son vrai nom Alain Djene, est un artiste chanteur de musique Makossa. Il commence sa carrière en tant que chanteur dans « les Johnco » de l’artiste Salle John. Quelques années plus tard, dans les années 80 pour être précis, il rejoint le groupe N’Kumbe’, qu’il forme avec Manulo, Ngoloko Zachée et Patrick Djeky. Son premier album Débroussailler, sorti en 1983, connaît un grand succès.
Djene Alain, c’est l’histoire d’un homme, qui veut à tout prix se frayer un chemin dans la vie et sortir de Ngodi, ce quartier qui l’a vu naître et grandir. Un quartier malfamé de la capitale économique qui est réputé à l’époque pour son stade municipal et la base des sapeurs-pompiers. Comme de nombreux jeunes de Ngodi, Djene Alain flirte avec le volley-ball, le karaté et un peu le football, mais il a un faible pour la musique.
C’est ainsi que de temps en temps, il se rend dans la famille Sadey, où papa fut un excellent musicien et disposait de certains instruments à la maison. Tous ses enfants savaient d’ailleurs jouer de la guitare. Égide, l’aîné de la famille, était même un membre du Negro Style de Nelle Eyoum.
Doué à la chanson, il va finalement opter pour la musique comme métier pour son futur. Passé l’adolescence, il se lie d’amitié avec un autre jeune qui cherche aussi à se frayer un chemin dans la musique. Ils font la ronde des cabarets à la recherche d’une place au soleil. Eugène Mpouly (Hoigen Ekwalla) et Djene sont inséparables !
Mais à Ngodi, réside aussi Bobo le pianiste et Manulo Nguime tous deux membres du Johnco (Orchestre de John Sallè), parallèlement ils se font de petits bœufs (jam) de temps en temps ; il finira par les retrouver dans ledit groupe.
Il reste fidèle à John Sallè même après le départ de Manulo et des autres, mais reste très bon ami, avec ce dernier. Quelques années plus tard, il décide aussi de quitter le JohnCo. Manulo prend sur lui de réaliser un album à son ancien partenaire. Ils entrent en studio »Gold Finger » et à la manette, ils veulent continuer dans ce qu’ils ont toujours fait avec JohnCo : l’Ambassy-Bey mais avec une influence Makossa.
L’album »Débroussailler » sort en 1983 et connaît un succès phénoménal. Il fait une razzia des prix et des distinctions partout au pays et même hors des frontières. Il est très sollicité pour faire des concerts.
Il signe avec Tamwo Isidore, grand producteur à cette époque. Dans la foulée, il se sépare hélas de Manulo et monte à Paris avec Mister Bibi, un autre As de la rythmique. Avec son nouveau partenaire de la chanson, il sort en 1987 »Ndol’a Bwanga » qui sera un titre culte, équivalent au précédent.
Djene Djento est désormais une voix qui porte. Tout le monde se l’arrache. Il remonte à Paris pour »Pompé » en 1988 sous la direction d’Aladji Toure. Changement de cap, il entre dans la cour des grands cette fois. Il y reste pour quelques temps, mais le pays lui manque. Il revient au Cameroun avec dans ses bagages, un album »Ndjangui Mony » arrangé par Justin Bowen et une belle chanteuse de cabaret parisien…
Djene Djento est un rassembleur qui aime faire la fête. Il traîne toujours tous ses jeunes frères avec lui. Mais cette magnanimité va lui jouer de sales tours. Il se sent trahi par certains à un moment de sa vie. Il décide de revenir aux basiques même de son art.
Il devient activiste dans la question des droits d’auteurs. Il encadre de jeunes talents et s’occupe aussi de sa petite famille, surtout après la perte de son fils aîné l’an passé. Un choc qui a servi à redonner de la foi à ce fervent croyant en Dieu. Grâce à ses convictions, Djene Djento est celui-là qui ne ferme jamais sa porte surtout à ses jeunes collègues.
Ce 15 décembre 2022, la nouvelle tombe comme un cauchemar au levé de jour. « L’artiste d’Etat » comme il aimait se faire appeler ces derniers temps aurait succombé à Loum, suite à un malaise, pendant un voyage pour un spectacle à Dschang. La nouvelle plonge ainsi de nombreux mélomanes dans la tristesse. Le Prince du Nkam Dje Mot a tiré sa révérence…Vive l’artiste.
Djene Djento est l’auteur de 8 albums: 2018 : Vivre ensemble 2008 : Mota Sawa 1998 : 8ème commandement 1990 : Pompé 1989 : Ma Thérèse 1987 : Ndola Bwanga 1985 : Ndjangui Moni 1983 : Débroussailler
Cet article Cameroun-nécrologie : qui était le musicien Djene Djento ? est apparu en premier sur Journal du Cameroun.